La position actuelle de l'Assurance Maladie sur la télémédecine entraîne-t-elle des inégalités d'accès aux soins ?
Excepté le dépistage de la rétinopathie diabétique, les actes de télémédecine ne sont aujourd’hui pas remboursés en pratique courante. Quelles sont les conséquences ?
Depuis plusieurs mois, de nombreux acteurs impliqués dans la télémédecine appellent à la mise en place d’un financement pérenne des activités de télémédecine en France. Ce changement permettrait une amélioration de la prise en charge des patients avec des modalités de télémédecine adaptées aux patients ainsi que la définition d’un modèle économique viable pour les industriels du secteurs et l’ensemble des start-up dont une partie propose leurs services à l’étranger plutôt qu’en France à cause de ce blocage.
Un autre élément qui a été peu discuté jusqu’à présent est la possibilité théorique d’induire des inégalités d’accès aux soins. En effet, les financements n’étant pas possibles par l’Assurance Maladie, chaque activité, dans chaque région doit trouver son propre financement pour assurer son fonctionnement quotidien. De ce fait, tous les patients n’ont pas accès aux même possibilités de prises en charge sur l’ensemble du territoire national alors que les preuves scientifiques de l’efficacité de ces prises en charge sont disponibles.
Si l’on prend l’exemple de la télésurveillance des patients porteurs de prothèse cardiaque, l’une des activités les plus avancées et organisées en France concerne la région Aquitaine avec près de 2000 patients suivis. De nombreuses études ont été publiées, notamment sur les aspects médico-économiques, montrant une prise en charge par télémédecine efficace, efficiente, acceptée, et satisfaisante de la part des patients et des professionnels. L’activité dans cette région se maintient grâce à divers subventionnements mais ne peut être pérenne pour le moment. Un patient disposant d’un besoin médical similaire mais habitant dans une autre région n’aurait ainsi pas forcément la même chance de pouvoir être pris en charge selon les meilleures pratiques médicales prouvées et recommandées à ce jour. Aucune étude n’a cependant été menée jusqu’à présent pour montrer cette possible inégalité de prise en charge théorique.