Comment développer la télémédecine de premier recours en France à partir du modèle Suisse
Un article publié dans le dernier numéro de la Recherche Européenne en Télémédecine s’est intéressé à la télémédecine pour le premier recours en France et en Suisse.
L’article a été publié par Asma Fares du pôle santé publique du CHU de Grenoble (consultante indépendante sur LinkedIn) et David Nathan Bernstein, consultant indépendant. L’objectif était d’analyser les éléments de comparaison et de transposabilité entre les modèles suisse et français pour l’utilisation de la télémédecine en premier recours.
Les auteurs indiquent en premier lieu que la télémédecine en premier recours est très développée en Suisse contrairement à la France, notamment avec l’utilisation des centres Medgate, tel que décrit dans un article par Pierre Simon.
Le système de santé suisse est un système de santé libéral avec des assureurs santé en compétition, système fondé sur la loi fédérale LaMal de 1994. Afin d’optimiser la prise en charge des patients et réduire les coûts, trois modèles ont été proposés aux assurés: les Health Maintenance Organization (HMO), sorte de réseau de soin où le patient doit consulter prioritairement, le système du médecin traitant de premier recours qui doit être consulté en premier lieu, et enfin le troisième modèle où les assurés s’engagent à consulter par télémédecine en amont de se rendre physiquement chez un praticien. Le coût des téléconsultations est environ deux fois moins important qu’une consultation physique.
Selon les auteurs, plusieurs études ont montré que l’utilisation du système de télémédecine était sûr et efficace et permettait de faire en sus du suivi épidémiologique précis du système de santé au niveau du premier recours.
En France, du fait d’un système de santé organisé différemment, la transposition directe de ce modèle semble difficile avec beaucoup d’oppositions possibles. En effet, le CNOM, les médecins libéraux et les patients seraient plutôt contre le fait qu’un système parallèle privé de soin de premier recours se développe. En revanche, du fait de l’Assurance Maladie de ne toujours pas autoriser ce système pour le premier recours, cela pousse les assureurs privés et les complémentaires santé à développer des offres de ce types en incluant le service dans leur prestation, sans avoir donc à facturer la consultation aux patients et contournant de fait le système en place.
Pour conclure les auteurs appellent ainsi les médecins libéraux de premier recours, l’Assurance Maladie, et les assureurs privés à travailler ensemble pour trouver une solution juste, équitable, et adapté au modèle de santé français, en lien avec un débat citoyen sur la question de l’organisation des soins de premier recours.
Cette étude a été financée par Bien-Être Assistance, filiale santé de Europe Assistance, qui essaye de déployer des services de télémédecine.