Actualités » La télémédecine s'est invitée en séance au Conseil de Paris le 27 mai
La télémédecine s'est invitée en séance au Conseil de Paris le 27 mai
Lors de la séance du Conseil de Paris du 27 mai dernier, un débat a été suscité par une proposition du groupe UDI-MODEM concernant la télémédecine.
Lors de cette séance, l’élu François Haab a présenté une proposition de délibération pour le groupe UDI-MODEM intitulée “Mise en œuvre d’un plan « smart-santé » à Paris”. François Haab est conseiller pour le 12e arrondissement, PU-PH, chirurgien urologue ayant récemment quitté l’hôpital public pour s’installer en privé. L’ensemble du débat peut être visionné sur le site du conseil de Paris. Parmi les réactions, nous rapporterons celle de l’élu PCF Hervé Begué.
Se basant sur un diagnostic territorial de santé marqué par des problèmes d’accessibilité aux soins et de démographie médicale, l’élu a proposé plusieurs mesures dont un plan “smart santé” pour la ville de Paris.
Ce plan comporterait la création d’une commission dédiée “e-santé” à la ville de Paris chargée notamment de la réflexion pour la mise en place d’une plateforme de téléconsultations. Ce comité étudierait la possibilité, “en lien avec l’ARS, l’Ordre des Médecins et la CPAM, d’identifier et de promouvoir le développement sur le territoire parisien de plateformes de téléconsultation et de mise en relation des Parisiens avec les professionnels de santé. Ce comité de travail a notamment pour mission d’élaborer le cahier des charges d’une telle plateforme, dont la vocation est en outre de permettre aux Parisiens de s’inscrire sur des créneaux de consultation immédiatement disponibles (en raison, par exemple, d’annulations de rendez-vous)”.
Selon le texte de la proposition de délibération “cette mesure s’ancre dans le développement de la télémédecine encadré par la loi et sera appliquée en lien avec le Conseil départemental de l’ordre des médecins. Les professionnels de santé peuvent notamment y indiquer s’ils pratiquent la téléconsultation et ouvrir le cas échéant des créneaux de prise de rendez-vous auxquels pourront d’inscrire les internautes. L’objectif […] est de faciliter la connaissance et l’accès à ces applications pour les maisons de santé regroupées de secteur 1 et les centres de santé parisiens. Une évaluation du dispositif sera établie à compter d’un an après son déploiement”. Par ailleurs, “en lien avec l’AP-HP, une expérimentation de l’extension aux centres de santé et maisons de santé du dispositif Télégéria ” est proposée.
En réaction, Hervé Begué a argumenté sur le fait que ces mesures ne contribueraient pas a limiter les inégalités de santé, mais à les exacerber, notamment du point de vue de l’accès au numérique pour les personnes défavorisées. “En effet comment feront les personnes les plus précaires, celles qui n’ont pas les moyens de s’équiper ? De régler chaque mois les abonnements internet et 4G ? Celles qui ne disposent pas des compétences pour utiliser les outils numériques ?”
Par ailleurs, il émet des réserves renforcées par “la lecture d’un avis récent du conseil national de l’ordre des médecins qui a récemment saisi la Ministre de la santé au sujet de la plateforme de téléconsultation lancé par AXA, ce grand groupe d’assurance privé. Les réserves émises par l’ordre sur ce projet privé, qui n’est pas sans rappeler la proposition du groupe UDI-MODEM de développer des plateformes de téléconsultation à Paris, nous paraissent justes : développer la téléconsultation ouvre le risque de voir apparaitre un système de soins à deux vitesses, l’un pris en charge par l’assurance maladie, l’autre par les complémentaires payés par l’employeur. A ce souci qui relève de l’égalité de tous face à l’accès aux soins, s’ajoute le souci, plus pratique, du doublon qui pourrait ainsi apparaître en venant se superposer à la mission de service public de la Permanence Des Soins Ambulatoires coordonnée par l’ARS”.
La proposition de délibération a finalement été adoptée.
La télémédecine est un outil parmi d’autres pour améliorer la santé des populations et doit contribuer à diminuer les inégalités de santé. La proposition avancée est ainsi intéressante du fait qu’elle apporte le sujet de la télémédecine au sein des discussions politiques d’une collectivité territoriale dans une volonté d’améliorer la prise en charge de la population à cette échelle.